Le temps de réaction représente la durée entre la vision d’un évènement et la réaction jugée adéquate face à cet évènement. Prenons un enfant qui semble traverser sans regarder, le temps de réaction sera celui entre la perception de l’enfant et l’action de freinage. On estime qu’elle est environ d’e trois secondes’ pour un humain, mais qu’en est-il pour les voitures autonomes?
La voiture autonome et sa réactivité
Il faut compter trois secondes ! C’est le temps qu’il faudrait à une voiture autonome dont les données sont insuffisantes, qui ne sait pas si elle doit freiner ou faire une embardée, pour passer le relais au conducteur. Il est alors trop tard pour réagir. Dans les environnements urbains dynamiques, trois secondes représentent une éternité. On parle de situation de transfert, lorsque l’ordinateur entre dans une situation où il n’est pas capable de conduire le véhicule et dans le cas évoqué ici de prendre une décision. Actuellement on estime cette transition entre trois et dix secondes, ce qui est trop long dans des situations délicates.
La capacité d’un véhicule autonome à percevoir et à comprendre rapidement la scène qui l’entoure reste un obstacle majeur à la commercialisation sûre de la technologie, principalement en raison des contraintes de traitement informatique et des incertitudes de l’environnement.
La recherche améliore le temps de réactivité
Des chercheurs de l’Université d’Alberta au Canada travaillent sur le temps de réactivité des voitures autonomes pour améliorer les systèmes d’apprentissage et ainsi minimiser les situations de transfert. Pour cela, ils cherchent à diminuer les informations reçues par un véhicule à celles qui sont les plus pertinentes.
La diminution du nombre de données, et leurs classifications permettent au système de ne pas se trouver dans une situation non connue ou trop complexe pour prendre une décision. Sur les modèles développés par les chercheurs de cette université, le temps de réaction avoisine les 20 millisecondes pour que les véhicules rafraîchissent les données disponibles et prennent des décisions plus rapides et plus sûres en temps réel. Ils se rapprochent ainsi de la perception humaine.
Pour arriver à cette amélioration, l’équipe de recherche s’appuie à la fois sur des capteurs propres au véhicule, mais aussi à des capteurs distants. Ainsi, les poteaux, les feux, les lampadaires sont équipés de capteurs LIDAR et de caméra qui en plus de celles présentent sur le véhicule vont permettre au système une meilleure description de l’environnement. Ils parlent de perception partagée qui permet d’obtenir une vue beaucoup plus large. Il ne s’agit plus de seulement voir les informations visuelles dans l’axe de la voiture, mais de prendre en compte un environnement global comme le ferait un automobiliste qui conduit.
Si un enfant court après un ballon dans une rue résidentielle, un capteur à distance pourrait détecter ce mouvement avant que la voiture n’entre en scène, et ce jusqu’à 100 mètres de distance. Le système pourrait donc prendre en compte cet élément et réagir en amont comme freiner ou braquer peut être inutilement, mais préventivement. Le comportement de transfert ne serait donc pas activé.
Attention, il ne s’agit pas de tout traiter mais de prendre en compte les informations pertinentes et sur le trajet – comme les objets se déplaçant sur sa trajectoire et les éléments importants comme les feux de signalisation et les panneaux.
Une ville connectée ?
Le travail de cette équipe de recherche pose la question de la connectivité de la ville. En effet, si les éléments de la ville doivent être connectés, de nombreuses modifications de l’environnement devront être prises en compte. Il s’agit par exemple de connecter tous les feux de signalisation, les lampadaires ou encore installer des caméras ou radars sur les bâtiments. Cette notion de surveillance de l’environnement pose également la question de la législation quant à l’enregistrement permanent d’information comme le déplacement des individus, les plaques d’immatriculation,etc.
L’utilisation de voiture autonome, en plus de leurs capacités à réagir de façon adéquate et rapide dans l’environnement, pose la question de la législation sur la connectivité de la ville et des habitants. Choisir un tel projet ne serait-il pas un pas de géant vers des scènes que l’on peut voir dans des films de science-fiction où tout est surveillé? Existe-t-il un entre deux qui permettrait de développer la mobilité autonome tout en respectant la législation actuelle?