Passez au vélo et une initiative que de nombreuses personnes voudraient mettre en place dans leur quotidien. Mais de nombreuses raisons poussent les personnes à ne pas sauter le pas. Mobility in the city à réaliser un micro-trottoir pour recueillir les propos des automobilistes, des utilisateurs des transports en commun et les piétons pour connaître leur avis sur l’utilisation du vélo au quotidien.
Changer les habitudes pour le vélo
Le premier constat repose sur l’habitude, point crucial évoqué par les individus interrogés. La plupart des personnes interrogées en voiture mettent en avant l’habitude de prendre la voiture pour les trajets quotidiens. « On connaît les raccourcis, les jours où il y a plus de bouchons », explique Hugo. Julien met en avant le même principe de l’habitude créée, parfois avec difficulté, mais aujourd’hui bien présente. » J’ai mis un mois à trouver la meilleure combinaison de bus à prendre pour aller de chez moi à mon travail, je ne vais pas tout changer pour tenter le vélo. »
L’habitude repose aussi sur la facilité et la sécurité d’utilisation des autres modes de transport. Avec la crise sanitaire du COVID, les individus ont de plus en plus utilisé leur voiture par peur d’attraper le virus dans les transports, à cause de la diminution de l’offre des transports, la pénurie de vélos dans certains cas. La voiture est devenue le moyen de transport le plus sûr, et dans de nombreux cas déjà possédé au sein du foyer. Voyager en voiture entraine un certain confort lors du déplacement. Les conducteurs écoutent leur musique, s’arrêtent acheter un croissant,etc. Face à cette habitude et au confort qu’elle apporte, il est parfois difficile de décider de pédaler matin et soir pour aller au travail : « vous voyez là il pleut et moi je suis assise dans ma voiture bien au chaud à écouter la radio j’ai pas trop envie d’être dehors dans le froid et sous la pluie. » explique Laure.
La sécurité en vélo, un point à améliorer
Le second point repose sur la sécurité lors des déplacements en vélo. Une majorité des personnes interrogées déclarent faire du vélo durant leurs vacances, les weekends en forêt, mais ne veut pas utiliser de vélo au quotidien, car ils ont peur d’emprunter les routes entre leur domicile et leur travail ou entre leur domicile et leurs activités. Parmi les plus grosses failles de sécurité se trouvent l’absence de bande cyclable et l’obligation de rouler avec les voitures. » Pour aller de chez moi à mon travail il y a d’abord une piste cyclable, plutôt bien faite et protégée, et tout d’un coup je me retrouve sur une départementale à devoir rouler à côté de voiture qui roulent à 80 km/h et ça si elle respecte la limitation de vitesse…J’avoue j’ai essayé deux fois et je ne me suis pas du tout senti en sécurité, je voyais bien les côtés positifs, le fait de faire du sport, du bien pour la planète et prendre l’air, mais ça prenait 20 minutes de plus qu’en TER et marche, et j’ai eu la boule au ventre tout le long du trajet. » Nous raconte Alexia.
Le vélo, ça coûte cher
Un dernier point est celui de l’argent. « Il faut déjà acheter un vélo », nous explique Diane étudiante, « et en plus risquer de se faire voler ce vélo même s’il ne coûte pas grand-chose et donc devoir en racheter un autre. J’ai déjà du mal à payer mon loyer et manger alors les dépenses connexes comme celle-là, je n’y pense même pas. » Pour certaines classes socioprofessionnelles, le vélo classique d’occasion reste un investissement qu’il n’est pas possible de réaliser. « Moi je veux bien aller en vélo au bureau en vélo, mais je ne suis pas hyper sportif donc il me faudrait un vélo électrique… Vous savez combien ça coûte un vélo électrique? Je n’ai pas les moyens, je sais qu’il y en a via la mairie des fois où qu’il y ait des subventions, mais c’est quand même un sacré budget pour pouvoir aller au boulot. En plus, après il faut aller chercher les enfants à l’école donc il faut ce qu’ils appellent les vélos cargo qui coûtent l’équivalent de 4 mois de mon loyer. » Explique Paul père de 3 enfants de moins de 8 ans.
L’ensemble des témoignages recueillis dans les rues de Tours pour ce micro-trottoir mettent en avant des points souvent abordés par les spécialistes du domaine pour parler des problématiques de l’adoption du vélo par la population. Trop dangereux, trop de risques d’être mouillé, d’avoir froid, pas les moyens de s’acheter un vélo électrique. Tous ces arguments sont toujours les mêmes et appuient le fait qu’il est important de mettre le vélo au cœur des priorités de déplacement comme l’a été la voiture lors de sa démocratisation, pour convaincre la population d’utiliser le vélo. Aujourd’hui la France, comme de nombreux pays, est axée sur le déplacement en voiture pour faciliter le quotidien des automobilistes. Pour que le vélo soit plus répandu, ne serait-il pas intéressant de le mettre au cœur de la circulation urbaine et interurbaine,avec par exemple l’initiative du RER vert en région parisienne ou l’urbanisme tactique qui rend des quartiers totalement interdits aux voitures. Tout un réseau, qui permettrait à chaque cycliste de se déplacer d’un point à un point b en toute sécurité et le plus rapidement possible.