Si les villes sont les lieux où l’avenir se joue en premier, alors l’avenir est arrivé tôt à Bogotá. En 2000, le maire de l’époque, Enrique Peñalosa, a lancé une série de réformes visant à rendre la ville plus verte, à éliminer des rues les bus polluants et à encourager le vélo. Parmi ses interventions figure le TransMilenio, qui est devenu l’un des systèmes de transport rapide par bus (BRT) les plus connus au monde.
Une passation intelligente
Bien qu’elle ne soit pas exempte de problèmes, l’expérience du BRT de Bogotá a fonctionné. Soutenu par plus de quatre maires successifs, le projet a atteint le recouvrement total des coûts dans les délais prévus. Non seulement les revenus et les conditions de travail se sont améliorés pour les anciens propriétaires de bus (qui en bénéficient en tant qu’actionnaires), mais les bus sont devenus plus ponctuels et plus durables grâce à l’électrification. La capitale colombienne dispose désormais du plus grand réseau de bus électriques au monde, en dehors de la Chine, ce qui n’aurait pas été possible sans une passation de marché innovante.
La clé de son succès a été le processus de passation de marché : les futurs opérateurs ont été sélectionnés par le biais d’appels d’offres, et les propriétaires de bus d’origine ont été inclus en tant qu’actionnaires. De nombreux anciens exploitants de bus ont créé des entreprises, ont fait appel à des investisseurs extérieurs et ont recruté des gestionnaires qualifiés.
Caractéristique du réseau
Le système de transport adopté en 2000 est un système de déplacement de masse en site propre. Le choix du Transmilenio n’a pas été réalisé au hasard. Avant son lancement, la ville était équipée d’un réseau de bus peu onéreux, mais peu efficace, et d’un réseau de métro efficace, mais cher. Pour limiter les dépenses, mais permettre des déplacements faciles et rapides, le choix de bus en site propre a été fait. Comme un métro, les bus ont une ligne de déplacement prédéfini qui permet de respecter une certaine vitesse de déplacement (environ 26km/h soit plus qu’un tramway par exemple), mais le coût de développement et d’entretien est plus faible ( on estime 10 à 20 fois moins chère).
Une adaptation aux changements démographiques
Bogota n’est plus une ville compacte depuis plus de 50 ans, un moyen de transport efficace sur de nombreux kilomètres est nécessaire. Très naturellement, le bus s’est démocratisé pour traverser les différents quartiers de la ville. Ces bus, d’abord propriété d’entreprises privées et sans lignes communes de réglementation, ont connu un vrai succès. L’État a tenté de nationaliser ces lignes de transport en commun, puis après un échec, la privatisation a été totale en 1990. S’en suis une augmentation du nombre d’autobus dans les rues, une diminution de passager par bus. Les chauffeurs étaient payés au nombre de personnes dans leur bus, il s’est donc mis en place des courses en pleine rue pour être le premier à récupérer les passagers. Une forte augmentation du nombre de morts sur les routes a parallèlement augmenté (on estime plus de 1300 morts à Bogota en 1995).
La ville,à la fin du XXe siècle, se trouve face à une crise urbaine. Du fait de la congestion des rues par de nombreux autobus, la pollution de l’air, sonore et visuelle est très importante. Au quotidien, les habitants ont du mal à se déplace, créant des tensions, un sentiment d’insécurité. Toute une réflexion sur le développement urbain a donc dû être mise en place pour résoudre ces problèmes, et éviter des problèmes sociétaux graves.
La ville a choisi de s’intéresser au réseau urbain pour répondre aux problématiques de déplacement et non aux technologies disponibles. Ils ont différencié le moyen et le mode de transport. Le premier peut être décrit comme l’engin tel que le bus,le métro, le train, etc. Le second est la façon dont il va être utilisé : en mode bus sur les routes avec les voitures, ou ne mode métro en site propre.
Le développement de la ville est un atout que les autorités ont pris en considération. De grandes avenues ou autoroute intra-urbaines et de plus petites voies vers les quartiers. Ainsi deux modes de transports ont été développés se basant sur le moyen de transport bus. Les bus se déplacent en site propre sur les grands axes. Des stations intermédiaires connectées à des couloirs de déplacement permettent de prendre des bus qui vont dans les quartiers. Ces derniers sont gratuits pour permettre la mobilité pour tous.