Depuis quelques mois maintenant, la ville de Bouaké en Côte d’Ivoire s’est engagée de façon résolue dans la cause environnementale. Elle en a profité pour lancer la phase de diagnostic de son plan de mobilité urbaine durable. Ce projet présente de nombreuses perspectives intéressantes pour le futur.
La mobilité en Côte d’Ivoire
À Bouaké et en Côte d’Ivoire en général, le transport collectif est essentiellement issu d’initiatives privées. Les moyens de transport les plus répandus dans le pays sont les motos-taxis, les taxis et les gbaka (véhicules collectifs typiques d’une capacité d’environ 20 personnes). Contrairement aux moyens de déplacement comme la Sotra (opérateur de transport public d’Abidjan), les gbaka suivent une stratégie de prix au rabais.
Les quelques services de transport publics enregistrés dans le pays sont dédiés aux déplacements des élèves et des étudiants. Ce projet du Ministère ivoirien des Transports est coordonné par les opérateurs actuels pour permettre au système de rester inclusif, efficace et sécurisé. Néanmoins, la mobilité en Côte d’Ivoire reste un problème aux multiples enjeux.
Le cas de Bouaké
Avec une population dense et croissante estimée à plus d’un million d’habitants, Bouaké est la deuxième ville la plus peuplée de la Côte d’Ivoire après Abidjan. A l’instar des villes aux croissances rapides, elle est confrontée à des enjeux importants de sécurité routière. En raison de sa croissance rapide, Bouaké a commencé en mars 2021 son plan de mobilité urbaine durable. L’objectif de ce projet est d’améliorer les conditions de mobilité, sur de nombreux axes, des habitants de la ville tout en sécurisant leurs déplacements. Par exemple, l’usage du gaz de ménage comme carburant par les véhicules est commun dans la ville. Cet état de choses représente un grand danger pour les conducteurs et leurs passagers.
Le projet lancé se déroulera en plusieurs phases dont l’une des plus importantes est le diagnostic du contexte local, une phase qui suit le lancement. Avec ce dernier, les acteurs s’attendent à une vision globale et des scénarios d’actions pour le transport et les infrastructures de mobilité à Bouaké.
L’importance des enjeux de sécurité routière dans la ville
Bouaké fait face à d’importantes problématiques liées à la sécurité et aux déplacements. Ces dernières se traduisent par des accidents réguliers qui touchent aussi bien les piétons que les motocyclistes.
Une recherche visant à cartographier les points noirs de sécurité routière a été menée par l’Institut de Recherche pour le Développement de l’Université de Bouaké. La cartographie effectuée a permis de nourrir les préconisations du PMUD afin de rendre les déplacements plus durables et sécurisés.
Le renforcement des acteurs publics locaux dans le secteur de la mobilité et des transports
Le plan de mobilité urbaine durable de la ville de Bouaké a pour principal objectif le renforcement des compétences dans la cité. Ce projet devrait aussi permettre aux représentants locaux de maitriser les questions de modélisation et de collecte de données. Il vise aussi à faire connaître les principes de gestion et de financement des transports publics.
Sur le plan stratégique, la Mairie de Bouaké pourra s’approprier et définir une politique de mobilité en articulant davantage les enjeux de multi modalité. Elle peut également, à partir de cette base, définir clairement les liens existants entre les groupes vulnérables, la mobilité, le transport et l’urbanisme au sein de la ville.
Les perspectives dans le pays en termes de mobilité
Plusieurs initiatives sont aujourd’hui menées en Côte d’Ivoire pour élargir l’offre de la mobilité et la sécurité routière durable dans les villes de ce pays. Ces objectifs portés par le Ministère des Transports et le Country Manager Uber visent à mener des réflexions sur le développement et la modernisation du présent secteur dans le pays. Une réforme profonde du transport au bénéfice des populations est souhaitée d’ici 2025.
Pour les acteurs la sécurité routière, l’ère de la digitalisation possède tous les atouts pour une mise en place d’une mobilité durable plus efficace. La technologie peut surtout permettre d’accélérer le développement du secteur et sa professionnalisation. Pour y arriver, de nouveaux usages et modes d’utilisation doivent être adoptés.
Dans le futur, il doit également être question d’apporter des réponses pratiques à la professionnalisation des services et des chauffeurs. Un cadre réglementaire pour accompagner l’émergence de nouveaux modes de mobilité urbaine et améliorer la sécurité routière s’impose. Pour cela, il est aussi important de simplifier le processus de formalisation des entreprises de transport en vue de faciliter de grands investissements et accélérer la marche vers le développement.
Les différentes stratégies envisagées doivent s’intéresser au caractère durable de la mobilité pour l’atteinte des résultats escomptés. Elles devront donc tenir compte à la fois de la mobilité en elle même, mais également des axes économiques, sociaux et environnementaux qui la façonne.